Diʿbil al-Khuzāʿi, poète marginal et engagé du premier âge abbasside

Étiquettesanalysefrançaishistoirepoésie
Langue(s)Français
Type de projetEssai académique
ObjectifAnalyser la trajectoire biographique et la posture poétique d’un auteur emblématique de la poésie arabe médiévale.

Résumé

Cet essai retrace la vie et l’œuvre du poète abbasside Diʿbil al-Khuzāʿi, figure complexe à la croisée de la marginalité, du panégyrique de cour et de l’engagement politico-religieux chiite. À travers son itinéraire, j’explore les tensions inhérentes à la condition du poète dans la culture arabe classique : entre liberté créative, dépendance aux mécènes, et prise de risque politique. Ce travail articule une approche historique, textuelle et sociologique.

Extrait choisi

Diʿbil est une figure complexe qui oscille constamment entre plusieurs extrêmes. Ce poète du premier âge abbasside est resté connu pour ses satires virulentes qui épargna peu de ses contemporains. Poètes concurrents, tribus rivales, califes et dignitaires abbassides, mais aussi parentèle, coreligionnaires et voisins… peu trouvaient grâce à ses yeux. Certainement misanthrope, il semblait avoir un goût pour la fréquentation des marginaux et des fripons, lui-même ayant trempé dans sa jeunesse dans quelques affaires douteuses. D’un autre côté, il manifestait à l’égard des Ahl al-Bayt une vénération et une
déférence qui ne laissent que peu de doutes sur son chiisme. Cette adhésion à la cause alide lui inspira des vers d’une élégance et d’un raffinement tels, qu’ils continuent à être récités jusqu’à nos jours, dans les ḥusayniyyat. Son chiisme semble lui avoir aussi inspiré bon nombre de ses vers satiriques contre le
pouvoir abbasside.
Pourtant c’est ce même pouvoir qui fit sa fortune et sa notoriété, notamment sous Hārūn al-Rašīd et Abd-Allāh al-Ma‘mūn. Et ce pouvoir, il l’a aussi servi, ne serait-ce que brièvement. […] Mais les contradictions de son parcours dénotent aussi la fragilité de sa condition de poète.
Artisan de la poésie, il n’avait pas d’autre métier connu, et dépendait de ce fait de la générosité des hommes riches et puissants de son temps. Alternant éloge et satire, il semble tenter de se frayer un rapport de force avec ces puissants, s’attirant leur faveur par l’éloge et leur crainte par le potentiel d’une satire. Il profite pour cela de la marge de négociation qu’offre l’espace poétique et ses règles tacites.

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